Des éloignements incompatibles sans garde-fou
TLTR : Comparer à des Indiens, ou des traders d’Indiens, qui comprennent que dalle au marché/client c’est pas comparable / ça pose une réputation de prix qui populize le « métier » freelance
Outre une concurrence mondiale déloyale qui n’a en réalité aucun objet quand il s’agit de faire des économies, c’est aussi et surtout un gros problème de communication, de connaissance du marché et de la culture du client.
J’ai vendu pendant presque 10 ans des textes que je faisais réaliser à Madagascar, où j’habitais, et que je vendais au kilo de mots. J’ai une bonne connaissance de la frontière culturelle qui peut exister entre le marché occidental et les pays sous-développés. Je ne vais pas développer le sujet, mais je peux vous assurer que la différence géographique était un gros problème pour la production de mots et que la supervision d’un Occidental, ou au minimum d’un Occidentalisé, était vraiment fondamentale. J’avais mis en place des échelons de contrôle allant de la fourniture de documentation pour ne pas s’éloigner du sujet, à la certification et la correction des textes par des professeurs d’université.
Alors, pour réaliser une « Ux » ou juste pour la fiabilité et l’optimisation du code, ou encore pour se projeter dans de possibles évolutions de ce qui est codé, les exigences de l’Ouest sont à mille lieues des considérations du reste du monde.
On ne va pas pleurer sur les taux d’imposition du système socialiste français, mais il faut déjà quand même considérer la responsabilité et penser au fait qu’un prestataire à l’étranger n’a aucune responsabilité sur ce qui est réaliser en dehors de son pays.
Je me rappelle que j’avais eu un souci de copie sur des textes ; une excellente rédactrice avait intégralement copié ses textes sur l’encyclopédie Encarta. J’avais livré les textes au client qui n’avait rien détecté. J’aurais pu en rester là, j’étais à l’étranger, je n’avais techniquement aucune obligation légale mais j’ai remboursé le client, parce que je suis de culture occidentale.
Ça m’est arrivé plusieurs fois sur d’autres sujets ; le respect du droit d’auteur, c’est une considération purement occidentale. Ailleurs, c’est au minimum normal et au mieux, de la malice.
D’ailleurs ma rédactrice Encarta m’a supplié de la réintégrer, invoquant quasiment le « fihavanana », ce que je n’ai évidemment pas fais et elle a créé son entreprise.
Un projet de programmation, c’est avant tout une expertise, et pour avoir l’expertise, ça va au-delà de la production de code. Sur une « plateforme de freelances », le client ne voit qu’une liste de fournisseurs avec un tarif au forfait. Vous souhaitez un site d’e-commerce ? On vous fera un site d’e-commerce, alors qu’en réalité, vous avez besoin en priorité de conseils, car si votre budget ne dépasse pas 10 K€, vous n’avez pas besoin de code. Vous avez besoin d’un accompagnement pour la mise en ligne de vos produits sur un site clé en main. C’est pareil pour un « site web » simple, et pire encore, vous n’avez pas besoin d’une application mobile à 5000 €. C’est sûr, vous le comprendrez avec de bons conseils.
Le « trading de main-d’œuvre » est très souvent la norme sur ce type de plateformes. Ce sont des agences qui agissent comme des intermédiaires, en prenant une marge sur des exécutants offshore qui ne sont pas forcément en Inde ou dans les pays de l’Est. Le client pense dialoguer avec son prestataire, mais il parle en réalité à un chef de projet qui gère une équipe.
Ce n’est rien, ce n’est pas un problème dans un monde complètement mondialisé, mais sachez que vous ne faites pas appel à un freelance, mais bel et bien à une organisation de travailleurs discount.
Tout ce cirque a de graves conséquences sur la « réputation de prix ». Quand un prestataire national vous annonce un tarif à plus de 600 € la journée et qu’après une petite recherche sur internet, vous découvrez que sur une plateforme freelance vous pouvez avoir la même chose pour moins de 100 €, vous vous dites qu’il abuse et que vous êtes pour lui un bon pigeon qui ne comprend rien au métier de développeur.
Alors, vous n’êtes pas un pigeon, mais oui, vous ne comprenez rien au métier de développeur, et c’est pour ça que vous cherchez un prestataire.
Projet mirage
TLTR : sans compter les 90% de Friez qui comprennent rien au business/tenant qu’il cible avec leur projet. En fait non ils comprennent bien leurs clients, des friezLike prêt à dégainer leurs économies sur une maquette fonctionnelle
Ces plateformes attirent un type de client spécifique, le « primo-startuper » sans budget et l’acheteur de « maquette fonctionnelle ».
Le « primo-startuper » sans budget a une « idée géniale » et 5K€. 5K€ c’est beaucoup d’épargne donc il consacrera 20% et peut-être tout à la programmation ; 1000€ et à la louche je dirais que c’est le prix médian des projets sur ce type de plateforme. Avec 1000€ il n’ira nulle part, au mieux il aura une « maquette fonctionnelle ». 1000€ c’est à peu près la somme que j’ajouterai à votre facturation après avoir échangé avec vous pendant plus de 3 jours pour réaliser votre devis ; c’est le prix d’une mise en bouche pour de l’expertise et je ne vous le facturerai pas tout de suite parce que l’entreprise ça me passionne.
Les acheteurs de « maquette fonctionnelle » eux ont compris qu’ils n’obtiendraient rien de business’ment parlant sur ce type de plateforme, ils sont déjà passés à l’étape maquette qui peut être présenté à un client ou un investisseur. En général ce type de client est prêt à mettre jusqu’à 10K€, donc c’est normal d’en trouver et c’est à mon avis des clients vraiment satisfaits.
Les plateformes de freelance sont des vendeurs de coquilles vides, de projets mort-nés. Ces plateformes ne sont en rien le mètre étalon du prix du code, ce sont des services qui répondent à une demande et à des profils de clients qui n’arriveront à rien de rentable avec ce qu’elles leur produiront.
Prestataires notés
TLTR : Faux avis c’est gros quand-même, ça veut dire que les plateformes sont complices et qu’il y a potentiellement de la rétro facturation
Comme dans le reste du web, les avis sont à prendre avec des pincettes. J’ai vendu des textes pour faire de faux avis, je peux vous garantir que c’est un marché conséquent et touchais avant 2010 de gros services internet. Les plateformes qui sont rémunérées sur les prestations se dédouanent et ferment les yeux sur ces pratiques ; essayez de supprimer un avis bizarre sur le responsable Google Map vous comprendrez.
Depuis quelques mois (révélé.. ..années en faites) se développe une nouvelle stratégie pour gérer sa réputation : la rétro-facturation. En bref, pour gonfler artificiellement leur chiffre d’affaires, pour vendre une start-up ou pour augmenter leur réputation de vendeur, des entreprises se facturent rétrospectivement et produisent une forme d’auto-facturation qui gonfle leur activité.
Dans le cas des plateformes de freelances, il est très simple de s’auto-payer des prestations et de les noter au maximum avec un commentaire élogieux. À vous de juger si l’argument de reverser quelques euros de commission à une plateforme ou un prestataire justifie la quête d’une bonne note et de clients nombreux et satisfaits.. ..je crois que oui.
Conclusion
TLTR : amha les ’vrais’ clients sont pas autonomes pour ce type de plateforme.
Pour pratiquer ce genre de plateforme il faut au minimum être un acheteur B2B, et surtout IT2IT, programmeur à programmeur, car vous devrez disposer des connaissances nécessaires pour évaluer ce qu’on vous propose et pour établir les règles et les gardes-fous de la prestation que vous attendez. Vous ne serez pas capable d’évaluer la sécurité et les performances de ce qui vous sera livré. Vous ne pourrez vous retourner vers personne en cas de problèmes, ce qui pourra mettre fortement votre entreprise en péril si ce que vous avez acheté devient critique.
Les acheteurs sérieux avec des projets sérieux et des budgets normaux ne devraient pas aller sur ces plateformes. Elles ne devraient pas non plus y aller pour consulter les tarifs, ce sont des faux prix.