Qui l’intelligence artificielle va remplacer ?

Postée le par Laurent PAGE

On nous fait la promesse que l’intelligence artificielle va remplacer beaucoup d’emplois. Elle est d’ores et déjà capable d’en remplacer, mais il est très difficile d’identifier ces « remplaçables ». Au début de sa découverte par le grand public via le célèbre ChatGPT, on nous annonçait que les « petites mains = petits cerveaux » allaient être les premiers touchés, car ils n’étaient pas suffisamment intelligents pour rivaliser avec ces nouveaux cerveaux numériques. On nous annonçait une société de cadres sans subordonnés de chair et de sang, une société où seules les élites conserveraient leur boulot. C’est tout l’inverse qui va se produire, et voici mon analyse et mes prédictions.

Tout d’abord, l’intelligence artificielle actuelle n’est pas capable de remplacer les travaux manuels les plus répandus.

Elle est capable de réaliser des tâches simples d’identification et, à l’aide de la mécanique, d’agir sur ce qu’elle a identifié ; typiquement trier, ranger, conformité... Mais ceci n’est pas nouveau, beaucoup d’usines automatisent déjà ce genre de tâches et l’intelligence artificielle n’a rien apporté de vraiment nouveau sur ces activités-là.

Il suffit d’élaborer pêle-mêle une liste de métiers manuels pour se rendre compte qu’elle ne peut pas les remplacer : plombier, électricien, garde d’enfants, infirmière... Ça devient un peu moins évident quand on liste ce genre de métiers : chauffeur de taxi/camion/coursier, informaticien admin/codeur et les métiers déjà touchés par l’industrialisation : boulanger, cuisinier, boucher, métayer...

Mais rien d’urgent, rien d’imminent, pour les métiers manuels. Il est possible qu’ils soient tous remplaçables un jour ou l’autre, mais pour le moment personne n’est capable de dire si c’est pour demain ou l’année prochaine.

Par contre, il y a un domaine où l’intelligence artificielle est déjà prête pour un remplacement massif d’un nombre conséquent d’emplois c’est : la bureaucratie.

La bureaucratie a envahi notre quotidien, elle est partout, elle s’insinue dans toutes nos activités professionnelles et personnelles, elle envahit et gère nos vies. La plupart des utilisateurs ou des subordonnés à cette bureaucratie sont prêts à la voir disparaître et souhaitent vivement son grand remplacement.

Bon, j’enfonce des portes ouvertes, tous ceux qui réfléchissent un peu ont déjà compris que les petites mains de la bureaucratie allaient se voir remplacer très rapidement si le socialisme ne venait pas mettre son grain de sel dans cette monstruosité des bullshitJobs. Mais en fait, vous vous trompez.

Les petites mains sont nécessaires aux IA pour les déclencher, les surveiller et les orienter. Une IA n’est pas automatique, elle n’est pas née et elle n’a pas d’âme. Il lui faut un maître, un opérateur, un prompteur.

Mais dans cet univers où le hiérarchisme règne, où il n’est pas rare de trouver un « manager » pour trois « subordonnés », ces « managers » qui font la toxicité des entreprises sont justement en réalité les premiers grands remplaçables.

Que fait un « manager » ? Il est le porte-voix de ses supérieurs. Il fait appliquer la doctrine de l’organisation en la transcrivant, il affecte et contrôle les travaux de ses subordonnés, il fait du « reporting » à ses supérieurs... vous me suivez ? Il fait en réalité tout ce que nous pouvons largement confier à une IA dès à présent. Il suffirait que le hiérarque du dessus écrive ses e-mails directement à l’IA, et que les subordonnés répondent à cette IA pour avoir le même résultat à des coûts quasiment nuls alors que le manager, lui, coûte un bras à l’entreprise.

L’humanité là-dedans ? Tant qu’à choisir entre la petite main qui basse besogne au seul profit du « manager » qui ne doit souvent sa place qu’à des abattages massifs de préposés aux fonctions qu’il occupe, le choix est vite fait. Quant à la qualité de vie au travail, l’IA au moins, elle, est intègre, ne discrimine pas et ne harcèle pas si on ne lui a pas demandé.

Alors, s’il faut aller un peu plus loin et donner une liste des secteurs de la bureaucratie qui seront les plus impactés, je dirais en priorité tout ce qui est RH et qui pose trop souvent des problèmes d’impartialité et qui sabordent trop souvent les entreprises par des recrutements mauvais et biaisés. Et qui ne foutent rien d’autre de leurs journées que de boire du café. Le marketing et la communication, retex & qualité, tout ce qui produit du texte globalement. Et qui ne foutent rien d’autre de leurs journées que de boire du café.

Mais ça sera principalement et essentiellement les « managers » qui seront impactés et les entreprises et organisations utiliseront en remplacement quelques « super employés » qui feront un bien meilleur travail assisté par l’IA.

Au final la bureaucratie finira par nous laisser tranquilles, car la première cause de la bureaucratisation, c’est la bureaucratisation elle-même. Le produit de la bureaucratie, ce qui la fait croître et la fait vivre, c’est l’administratif ; toujours plus d’administratif. La bureaucratie ne produit rien, elle fabrique des règles et des normes qui affectent la production réelle et la font vivre. Un petit « manager » a besoin de subordonnés pour justifier sa position, et pour obtenir plus de subordonnés, il doit justifier son besoin par plus d’administratif, plus de règles et plus de normes, si bien que son vrai métier, c’est de créer des problèmes pour les résoudre ou des normes pour les contrôler.

L’IA est intègre et objective, elle sert à optimiser et rendre les système efficients, elle ne cherchera pas l’inflation mais la simplification.

Qui êtes-vous ?
Votre message

Pour créer des paragraphes, laissez simplement des lignes vides.